Un choix résidentiel : de Saint-Omer à Laprée

Dominique-Jean-Jacques de Lencquesaing (1706-1776), établi depuis 1733 avec Marie-Joseph-Eugénie Dupuich (1709-1748), installe son ménage dans la continuité du choix résidentiel de leurs parents et aïeux : la ville. Quand il s’absente de Saint-Omer, parfois de longues semaines (« J’espère qu’il ne tardera pas à revenir à présent car voilà trois semaines qu’il est absent », écrit sa patiente épouse en juin 1736), c’est encore pour gagner d’autres grandes cités d’Artois et de Flandres le temps de régler ses affaires. Dès 1734, il est locataire d’une vaste maison à Saint-Omer, rue haute, appartenant à son cousin Jacques-François Doresmieulx (1699-1755). Celle-ci est réduite en cendres au cours de la nuit du 31 janvier au 1^er février 1737 : « La triste situation de monsieur de Lencquesaing, mon proche parent, me donne occasion de vous écrire pour lui. La maison qu’il occupait a été hier soir réduite en cendres. Il a presque tout perdu », assure son cousin Doresmieulx aux échevins de Saint-Omer^[1]. L’intéressé a néanmoins réussi à sauver ses titres et papiers. En recherche d’un toit mais aussi d’une représentation sociale, il a alors l’idée de remettre en état l’austère maison forte de Laprée : longtemps abandonnée à des fermiers, elle est délabrée, ses fondations attaquées par l’eau des douves insuffisamment entretenues. Il décide alors en toute hâte d’entreprendre des travaux d’importance pour la remettre en état et l’agrandir. Pendant que les ouvriers s’affairent sur le chantier, il se contente de loger médiocrement à Saint-Omer chez le sieur Guichart, vis-à-vis de la maison des jésuites anglais, puis dans une maison qu’il loue à un Taffin. Dominique-Jean-Jacques de Lencquesaing a ainsi rompu définitivement avec le mode de vie de ses aïeux en quittant la ville.

Karl-Michael Hoin, 2020.

Note :

[1]. – Certificat des mayeur et échevins de la ville de Saint-Omer attestant que le grand corps de logis de la maison de Dominique-Jean-Jacques de Lencquesaing (1706-1776) et de son épouse née Marie-Joseph-Eugénie Dupuich (1709-1748) « a été totalement brûlé » la nuit du 31 janvier au 1^er février 1737 et que ses occupants « ont perdu la plus grande partie de ce qu’ils avaient de plus précieux ». Saint-Omer (halle échevinale), 11 mars 1743. Scel du registre ordinaire aux causes. Archives de Laprée, Quiestède, 1.2908.